Leyla Majeri - Garden Archive / There's a wasp who penetrates the ladybug


  Garden Archive / There's a wasp who penetrates the ladybug, 2019
  Circa art actuel, Montreal


Parasitized native ladybug on a pepper protecting a braconid wasp cocoon / Coccinelle maculée parasitée protégeant le cocon d'une guêpe braconide

















There is a worm who occupies the body-mind of a snail, causing the snail’s eyestalks to radiate and pulsate. Possessed by this worm parasite, the snail develops a dangerous penchant for climbing to the top of plants. Its wiggling, caterpillar-like eyes are a lure to birds, who eat it and redistribute the parasite.
There’s a wasp who penetrates the ladybug with its stinger, and uses the host’s body to incubate its larvae. The ladybug manages to birth the wasp’s progeny, who weave a cocoon around her legs. Thus she becomes a protector of wasp eggs. When they hatch, there is a good chance they will eat her.
The ladybug and the wasp, the snail and the worm, enact a sort of intimacy. One being is ruptured and driven by the interests of the other. The language of ‘zombies’ is frequently used to describe a situation where a species’ own self-interest is overtaken by another force. One loses one’s mind. In fact, there is no such thing as one’s mind, so far as we think of this as a bound or protected space. In Derrida’s ethics of hospitality, these creatures, like all of us, are in a situation of host and hostage to the other. 
Lynn Margulis writes: “Life, especially bacterial life, is resilient. It has fed on disaster and destruction from the beginning.”
This is one way to be intimate, one way to perceive, as a gardener might, the entangled relations between beings.
Barad writes: “There is no inside. . . . Not only subjects but also objects are permeated through and through with their entangled kin; the other is not just in one's skin, but in one's bones, in one's belly, in one's heart, in one's nucleus, in one's past and future...”
Hesse-Honegger’s watercolour insects are another reference in Leyla's work.  These ‘disturbed true bugs’ emerge from radioactive environs where boundaries are impossible to establish. A blistered thorax, a knotted feeler, a deformed leg reveal the invisible work of particles.
Co-emergence or co-mutation, contamination or companionship; these processes become difficult to parse. Radioactivity is the ground of being for these morphing bugs, the facilitating environment from which they come to be. A home is a broken container.
A biome is a community of co-habiting beings, an ecotone the transitional space between.  In this world, boundaries don’t stay put. Beings arise from dynamic encounters: Inhabitations, intrusions, interferences, intimacies. Leyla’s work is situated in the weave between ecologies, reaffirming relationships, repairing splits, traversing spaces. 
From this interplay of fields come unexpected morphologies. Leyla asks us to re-imagine patterns of entanglement and unfamiliar proximities, by rearranging who and what belongs where, and what kind of environment might arise from a shift of boundaries, an alteration of scale, an inversion of fields. Inside this garden archive, biomes inhabit a shoebox. The façade of a house, (a flimsy bulwark for interiority), opens to a garlic field.  A squash as a home, a gallery as a garden.

Text by Katherine Kline, in collaboration with Leyla Majeri

                                                                                                                                                  



Il y a un ver qui s'infiltre dans le corps et l’esprit de l’escargot, causant le gonflement et le rayonnement de ses tentacules oculaires. Possédé par ce ver parasite, l’escargot développe un dangereux penchant pour les hauteurs et grimpe jusqu’au sommet des plantes. En se tortillant comme des chenilles, ses yeux envoûtés leurrent les oiseaux qui les mangent et redistribuent alors le parasite. 

Il y a une guêpe qui pénètre la coccinelle de son dard, se servant du corps de cet hôte pour incuber son œuf. La coccinelle parvient à donner naissance à la progéniture de la guêpe qui tisse ensuite un cocon autour de ses pattes. La coccinelle devient ainsi la protectrice du cocon de la guêpe. Lors de son éclosion, il y a toutes les chances qu’elle dévore son hôte. 

La coccinelle et la guêpe, l’escargot et le ver forgent une sorte d’intimité. L’un est rompu et mené par les intérêts de l’autre. On a souvent recours à l’analogie des zombies pour décrire un état où le propre-intérêt d’une espèce est subjugué par une autre force. On y perd la raison. En fait, l’esprit n’existe pas dans la mesure où nous le concevons comme un espace clos et protégé. Selon l’éthique de l’hospitalité de Derrida, ces créatures, comme nous tous, sont à la fois dans un état d’hôte et d’otage de l’une de l'autre.
Lynn Margulis écrit : « La vie, tout particulièrement la vie bactérienne, est résiliente. Elle s’est nourrie de désastres et de destructions depuis le début des temps. »  

C’est une façon d’être intime, une façon de percevoir, comme un jardinier le ferait, l’enchevêtrement des relations entre les choses. 

Barad écrit : « Il n'y a pas d'intériorité… Non seulement les sujets, mais aussi les objets, sont traversés de part en part de leurs relations entremêlées. L’autre n’est pas seulement dans la peau, mais dans les os, dans les tripes, dans le cœur, dans le nucléus, dans le passé et le futur… »

Les insectes des aquarelles de Hesse-Honegger sont également référencés dans le travail de Leyla. Ces hémiptères déformés émergent d’un environnement radioactif dont les frontières sont impossibles à définir. Un thorax boursouflé, une antenne nouée, une patte tronquée, révèlent le travail invisible des particules.

Coémergence ou comutation, contamination ou compagnonnage, ces processus deviennent difficiles à dénouer. La radioactivité est la source d’existence de ces insectes transformés, l’environnement facilitateur duquel ils ont pris forme. Une maison est un contenant brisé.

Un biome est une communauté d’êtres en cohabitation, l’écotone est l’espace transitoire entre ces habitats. Dans ce monde, les frontières ne tiennent pas en place. Les êtres émergent de rencontres étrangères : intrusions, invasion, interférences et intimités. Le travail de Leyla se situe dans l’entrelacement des écologies, réaffirmant les liens, réparant les clivages, traversant les espaces.

De ces interactions naissent des morphologies inattendues. Leyla nous demande de réimaginer des modèles d’enchevêtrements, des proximités non familières en réarrangeant qui et quoi ressort d’où, et quel type d’environnement pourrait surgir d’un glissement de frontières, d’une altération des échelles, d’une inversion des champs. Dans l’archive de ce jardin, des biomes habitent une boîte à chaussure. La façade d’une maison (un fragile rempart à l’intériorité) s’ouvre sur un champ d’ail. Une courge comme refuge, une galerie comme jardin

Katherine Kline, en collaboration avec Leyla Majeri
(traduction du texte original en anglais)








 
hi